1958-64 | Série "Guano"

  •                    Exposition Judit Reigl, Galerie de France, Paris, 2006 © Photo P.H.Müller

     

    « Pour protéger un parquet neuf, je l'ai couvert de plusieurs couches de toiles ratées ( les signes sur fond blanc qui ne tolèrent pas la correction). Sur ces couvre-sols improvisés, j'ai travaillé, marché, déversé de la matière picturale qui coulait, imbibait, s'écrasait sous les pieds. Ces guenilles excrémentielles se transformaient lentement au cours des années en couches stratifiées, comme le guano des Iles. Totalement détruites en tant que tableaux, elles se dépassaient par leur négation même, devenant un terrain fertile. Je les ai reprises systématiquement à partir de 1962. Leur fond blanc et l'écriture noire initiale n'existaient plus. Selon que les toiles appartenaient à telle ou telle couche, au gré du hasard, elles étaient plus ou moins imprégnées, encrôutées ou usées, voire érodées jusqu'à la trame. J'ai suivi. Une couche finale – blanche dans la plupart des cas,- enlevée aussitôt par raclage et qui laissait un striage et un violage opaque : « une couche de fond » en somme. Une opération à l'envers. »
    Judit Reigl, dans le catalogue de l’exposition Judit Reigl, Rétrospective, Rennes, Maison de la Culture, 1974