Le choix de la peinture, une autre histoire de l’abstraction, 1962-1989: Musée de Tessé, Le Mans

10 Février - 9 Juin 2024

Martin Barré, Vincent Bioulès, Roger Bissière, Pierrette Bloch, Christian Bonnefoi, Bernadette Bour, Camille Bryen, Pierre Buraglio, Béatrice Casadesus, Chu Teh-Chun, Olivier Debré, Jean Degottex, Jean Dubuffet, Pierre Dunoyer, Michel Duport, Maurice Estève, Sam Francis, Bernard Frize, Monique Frydman, Simon Hantaï, Hans Hartung, Christian Jaccard, Shirley Jaffe, Paul Kallos, Marcelle Loubchansky, Robert Malaval, Alfred Manessier, André Marfaing, Jean Messagier, Jean-Michel Meurice, Joan Mitchell, Bernad Pagès, Jean-Pierre Péricaud, Bernard Piffaretti, Jean Pierre Pincemin, Serge Poliakoff, Judith Reigl, Jean-Paul Riopelle, François Rouan, Gérard Schneider, Pierre Soulages, Christian Sorg, Anna Staritsky, Bram Van Velde, Claude Viallat, Zao Wou-Ki

Comment continuer à peindre, alors que la peinture de chevalet est déclarée morte et que la mode est au pop art, au non-art, à l’art conceptuel et au minimalisme ? Telle est la question que pose cette exposition conçue comme un panorama de trois décennies de peinture abstraite en France des années 1960 aux années 1980. Le parcours de l’exposition réunit quarante six artistes. Ce choix n’est en rien exhaustif, mais il reflète la diversité des nouvelles démarches picturales fondées sur une autre conception du geste, du rôle de la couleur et de la notion du tableau. Ces innovations font suite au triomphe de l’abstraction lyrique et gestuelle qui a caractérisé l’après-guerre et que les peintres cherchent à dépasser.

 

Les années 1960 correspondent, en effet, à un moment de profond renouveau de la peinture abstraite alors que, paradoxalement, la presse la décrit comme étant en crise. Les artistes simplifient leur pratique. Ils inventent de nouveaux outils et donnent à la couleur une expansion inédite sur la toile. Ces démarches ont défini une approche de l’abstraction qui n’est plus le lieu du lyrisme et de l’expressionnisme, mais une interrogation sur les moyens de la peinture. Jean Messagier le résumait en déclarant :

« Ce n’est pas le tableau qui compte, c’est la peinture. »

 

Autour de 1968, une nouvelle génération d’artistes incarnée notamment par les membres du groupe Supports/Surfaces ont prolongé cette recherche de neutralité dans la peinture. À travers l’adoption de gestes simples et le recours à des toiles libres, ils procèdent à la déconstruction du tableau. L’abstraction américaine est pour eux une nouvelle référence essentielle. Cependant, au cours de la décennie 1970, certains artistes restent attachés à l’usage du châssis et vers 1980, le tableau s‘impose à nouveau comme un enjeu de la peinture où s’exprime une nouvelle conception de l’espace, du geste et de la couleur.

 

À la lumière de cette présentation envisagée sur un temps relativement long, l’exposition porte un regard inédit sur trois décennies de création picturale dont les générations de peintres se sont souvent opposées les unes aux autres mais dont il convient aujourd’hui de reconsidérer les correspondances et les influences.

 


 

Commissaires : Françoise Froger-Jolivet (conservatrice, musées du Mans) et Victor Vanoosten (docteur en histoire de l’art)